Ce soir l’agence de notation Moody’s vient de dégrader la France en faisant passer notre pays de la note AAA à la note AA1. Alors c’est grave docteur ?
La notation d’un Etat est un thermomètre. Dans le cas de la France on peut vraiment dire que le patient est malade, très malade. Voici une petite compilation des symptômes dont souffre notre pays.
Un taux de chômage impressionnant
Chômage à 10,8%. Si on ajoute à ce chiffre les personnes ayant exercé une activité réduite (moins de 70h sur un mois). Les personnes volontairement écartées des statistiques (ex: personnes dispensées de recherche d’emploi du fait de leur âge, personnes en formation, les plans de reconversions). Si on exclut les membres de la fonction publique qui ne sont pas concernés par le chômage on est en fait à plus de 22% de chômeurs par rapport à la population active. 1 actif sur 4 est donc au chômage.
Une dette galopante
En 2013 la France sera le premier emprunteur de la zone euro. Sa dette montera à 90% du PIB. On estime en général qu’au delà de 90% de dette / PIB on rentre dans une zone où le remboursement de la dette devient quasiment impossible. Si la France entière ne travaillait que pour rembourser sa dette il lui faudrait quasiment un an pour y arriver. Sur les dernières années la dette française a cru à un rythme supérieur à celle de ses voisins.
Des déficits très difficiles à réduire
En 2013 l’objectif des 3% de déficits ne sera pas tenu. La France n’arrive pas à réduire ses dépenses. Lorsque des réductions sont annoncées on ne parle en fait que de réductions des augmentations. Contrairement à ce qu’on pourrait croire la dépense publique augmentera en 2013. Cette limitation de la hausse des dépenses n’est même pas obtenue par une diminution des frais de fonctionnement mais par une limitation des dépenses d’investissements (ex: projets de lignes TGV…). On ne fait donc que repousser des investissements et donc des dépenses qui seront de toute façon engagées.
Des entreprises qui ne gagnent plus d’argent
Le taux de marge des entreprises est au plus bas depuis 25 ans. Sans profit une entreprise ne peut pas financer ses investissements. Elle est donc obligée de se tourner vers les banques qui resserent les robinets du crédit.
Un pays qui vend de moins en moins à l’étranger
Le déficit commercial est à un niveau alarmant et reflète les difficultés qu’à la France à vendre ses produits à l’international. La part de marché de l’entreprise France ne fait que décliner à l’étranger. La production industrielle française ne cesse de régresser. En 2005 la France avait produit 3.2 millions de véhicules sur son sol. En 2011 elle n’en a même pas produit 2 millions soit une baisse de 37,5% en à peine 6 ans.
Des prélèvements obligatoires étouffants
La pression fiscale française est de 44,9 % de la richesse nationale ce qui nous place parmi l’un des pays les plus taxés au monde. En 2013 cette même pression fiscale passera à 46.3 soit une hausse de plus de 3%.
Un cadre législatif et fiscal complexe et obscure
L’économie productive est asphyxiée par une complexité qui décourage l’initiative. 153 taxes différentes frappent les entreprises. Il existe 250 seuils différents au niveau du droit fiscal (niveau des effectifs, de chiffre d’affaires…). Le code du travail s’alourdit chaque jour de 3 pages (heureusement que c’est écrit petit :-)). Droit que bien sûr chacun n’est censé ignorer.
Un pays qui a perdu le goût du travail
Les Français sont ceux qui prennent le plus de vacances, avec 30 jours en moyenne par an, soit plus que la moyenne européenne (26 jours) et bien plus que la moyenne mondiale (15 jours). On peut bien sûr estimer que du fait de leur forte productivité les Français méritent bien un peu de repos. Mais c’est sans compter sur le fait que cette forte productivité cache l’impossibilité de créer des emplois à faible valeur ajoutée du fait d’un niveau de cotisations sociales trop élevé.
La France peut elle s’en sortir ?
Si on cumule tous ces points on comprend mieux pourquoi Moody’s a assorti sa dégradation d’une perspective négative. La France peut se sortir de cette situation mais çà ne se fera qu’au prix de réformes courageuses et ambitieuses, d’un abandon d’une partie de son modèle social et d’une réelle valorisation de l’initiative privée.
